mercredi 30 décembre 2009

Réflexions Montréalaises


Ces derniers jours je réfléchis beaucoup à la musique. En particulier la question soulevée lorsque je parlais du japrock et du krautrock, soit de leur naissance dans les débris encore fumant de la deuxième guerre mondiale. Ces deux pays ayant subit une défaite et l'humiliation qui vient avec, devaient se ressaisir et ce n'était pas de façon militaire...

Personne ne contredit aujourd'hui les puissances économiques que représentent l'Allemagne et le Japon,ces deux pays sont chefs de file dans leurs domaines respectifs avec une économie prospère. Suite à la deuxième guerre mondiale, comment ces deux pays ont-ils fait pour se recréer une identité et reprendre leur juste place dans le monde occidental? Si on regarde aujourd'hui la fascination de plusieurs occidentaux pour le Japon ainsi que le magnétisme de Berlin au yeux de la jeunesse hipster mondiale, il faut reconnaître qu'ils ont réussi quelquechose. Et je crois que cette fascination passe par la culture.

Si le japrock et le krautrock sont revenu au goût du jour, au point où on ressort des vieux albums depuis longtemps épuisés, n'ayant pas connu de succès majeur à l'époque de leur sortie, il doit bien y avoir une raison?

J'avance l'idée que la musique expérimentale (où les arts expérimentaux) est un vecteur de culture et ce qui fait grandir une nation...Si on regarde la France d'avant-guerre, de nombreux artistes allaient faire leurs marques, on peut penser à Pierre Shaeffer ou Pierre Henry, entres autres, plaçant la France à l'avant-garde de la culture et étant regardée avec intérêt par les autres pays. Mais depuis...

Suite à guerre il m'apparaît que ce sont les États-unis et l'Angleterre qui ont repris le flambeau; exode des artistes et penseurs dans ces pays aidant. Et puis ensuite, le Japon et l'Allemagne, où l'avant-garde à pris un peu le maquis et s'est constituée en marge des réseaux institutionnalisés. Depuis les années 60 les choses ont changé, évidemment.

Avec le recul je me demande ce qu'on dira de Montréal. Dans 40-50 ans, comment sera perçu et expliqué l'éclosion de la musique expérimentale à montréal à la fin des années 90. Quels facteurs seront isolés pour expliquer l'affluence d'artistes anglophones du Canada et des États-Unis à Montréal, venu créer de la musique pop d'avant-garde? Bon entendons nous, j'utilise avant-garde au sens «dilué» du terme et ne considère pas les démarches des gens comme Patrick Watson comme étant radicale, néanmoins ils osent prendre des risques. On va dire que les loyers ne sont pas chers, l'ambiance cosmopolite, les lieux de diffusion...mais est-ce tout? C'est sûr que Montréal est unique mais plein d'autres villes semblent aussi accueillantes.

Et puis la musique francophone? Les groupes qui ont fait de Montréal ce qu'elle est sont principalement anglophones (ou au mieux, bilingues). L'exemple principal qui me vient est sans contredit le groupe Godspeed you Black Emperor, qui sont les principaux artisans de cette reconnaissance culturelle que bénéficie Montréal. En étant plus populaires en europe qu'ici, en ouvrant des lieux de diffusions marginaux, ils ont pris les rennes de la scène expériementale et l'ont mené aussi loin qu'ils ont pu. Au tournant des années 2000, ce sont le groupes comme Malajube, Gatineau, Pas Chic Chic... qui ont pris les devants de la musique francophone québecoise, de la jeune musique francophone, osant incorporer à leur musique des éléments plus «weird» leur donnant un intérêt international que peu de groupes bénéficie.

Je me demande s'il n'y a pas un lien avec l'échec référendaire de 80...Car c'est cette jeunesse francophone qui aujourd'hui produit cette musique. Cette jeunesse issue des années 80. Si la défaite de la deuxième guerre mondiale a crée chez la génération d'après-guerre un envie de créer, de briser des barrières, peut-on faire le rapprochement avec le référendum de 80? Bon ce n'est pas une guerre mondiale, mais le Québec est comme un microsystème, un mini pays où tout prend une ampleur exagérée.

Parceque la musique expérimentale voyage, plus même que la musique pop en français. La musique expérimentale ne connaît pas les barrières de la langue, on peut créer dans une langue inventée si on veut.

Est-ce donc l'avenir pour le Québec francophone? Diffuser le français à travers la musique, rendre le français et la culture québécoise attrayante pour les autres? C'est un peu ce qui arrive; est-ce seulement moi où je croise de plus en plus de jeunes canadiens venus en immersion francophone à Montréal? Au lieu de miser sur une séparation physique, serait-ce possible au contraire de rendre le français plus intéressant pour le reste du Canada, pour cette jeunesse ouverte sur le monde qui semble prête à le faire? Je regarde autour de moi et considère les expériences vécues: mon ami Scott, à Montréal depuis plusieurs années déjà, ne parle toujours pas français mais en ressent une certaine culpabilité...c'est intéressant, car surement que cette culpabilité il ne voudra pas la faire vivre à ses enfants. Ira Lee, à Montréal depuis un peu plus qu'un an je crois, parle déjà très bien le français (ben pour quelque'un que ça fait un an qu'il est ici). En tournée en France, Thesis Sahib et Fritz the Cat, ontariens, se mordant les doigts de ne pas comprendre et parler le français tandisqu'ils avaient la possibilité de l'apprendre au Canada...

Et il y a plein d'exemples du genre. Donc, en créant une musique intéressante, d'avant-garde et en français, on peut déjà commencer à rendre la langue plus intéressante pour les autres. Pourquoi en écoutant Mattr je me dis que j'aimerais parler suisse-allemand? en écoutant Kan Mikami parler japonais? Parceque la musique me touche et transcende les genres...ça aussi c'est important. Du rock, il y en a dans toutes les langues/pays mais du rock expérimentale, avant-gardiste...un peu moins.

mardi 29 décembre 2009

Top 2009

Voilà , enfin....après de nombreuses réflexions et hésitations, je post les dix disques parus en 2009 m'ayant le plus impressionné. Aucun ordre précis, les genres sont différents, donc difficile de mettre un numréro 1. Je me suis permis de mettre les rééditions à part, j'en ai tellement acheté et écouté........

Vos tops sont les bienvenus, je suis toujours curieux de savoir ce que les gens écoutent...

- Oneothrix Point Never : «Rifts» (No Fun)

- Emeralds :« Solar Bridge» (No fun)

- Helen O' : «Self titled e.p.» (Le son 666)

- Blues Control : «Local Flavor» (Siltbreeze)

- Land of Kush : «Against the Day» (Constellation)

- Kill the Vultures : «Ecce Beast» (Self released)

- Current 93 : «Aleph at Hallucinatory Mountain» (Durtro jnana)

- Leyland Kirby: «Sadly, the future is no longer what it was» (Handle with Care)

- Sun Araw: «Heavy Deeds» (Not Not Fun)

- Wayfaring Strangers: «Lonesome Heroes» (Numero)

Top 5 Rééditions

- Ariel Kalma : «Le temps des moissons» (Beta-Lactam Ring)

- Masaki Batoh & Soundbreakers: «Amalgamation» (Drone Syndicate)

- Love Live Life + one : «Love will make a better you» (Drone Syndicate)

- Far Out Family Band: «Nipponjin» (Pheonix)

- Sergius Golowin : «Lord Krishna von Goloka» (Lion Productions)

dimanche 27 décembre 2009

Sun City Girls et ma maladie


Probablement mon groupe préféré, non seulement en raison de leur musique mais aussi par leur éthique artistique. SCG est un groupe pour lequel je voue un respect immense.

Le nombre d'albums que ce groupe a enregistré m'est presque incalculable vu la multitude de vinyles/cd/cassettes limités, des différents projets solo des trois protagonistes...bref, lorsqu'on pénètre dans l'univers des Sun City Girls on en sort pas indemne. Depuis le décès de Charles Gocher, le groupe a cessé de jouer live et les frères Bishop, après une tournée d'adieu à la mémoire de leur comparse, se concentrent sur leurs projets solo. Mon approche de la musique des SCG s'est fait à reculons; quand j'ai commencé à m'intéresser à la musique expérimentale, je n'ai vraiment pas embarqué dans leur trip. Je trouvais ça soit trop heavy au niveau de la guitare électrique, soit trop broche à foin. C'est lors de leur passage au Suoni (en 2004 je crois) que j'ai pu apprécier l'ampleur du phénomène. À cet soirée je me suis procuré un disque appelé «A bullet trough the last temple», disque numéro 4 d'une série intitulée Carnival Folklore Resurrection. Ce show s'est avéré plus une curiosité, je n'avais pas trippé tant que ça et j'avais traîné Séba de force quasiment (je ne me souviens plus s'il avait aimé ça !?). quand j'ai écouté le disque je suis tombé à la renverse; rien à voir avec la musique du show, c'était plus un délire free-jazz assez éclaté avec de la guitare acoustique sous influence...J'avais trouvé la porte d'entrée idéale pour l'amateur de jazz que j'étais.

J'ai alors commencé à chercher compulsivement de l'information sur ce groupe mythique sur les internets. Et j'ai trouvé plein de choses; leur histoire, les shows marquants, leurs voyages, l'intérêt pour l'occultisme et la religion hindoue...J'ai commencé à acheter aussi compulsivement ce que je pouvais trouver en cd: « Torch of the Mystics», «Flute and Mask», «330,033 Crossdressers from beyond the Rig Veda», «Kaliflower», les cd's manquant de la série Carnival Folklore Resurrection (12 en tout)....un enfer. Durant cette période j'ai appris à me familiariser avec ebay car c'était pas mal le seul endroit où je pouvais trouver les disques «out of print». Naturellement, «Torch of the Mystics» m'a coûté une petite fortune (40$ pour un cd....sans commentaires...) mais ça en valait vraiment la peine.

Comme beaucoup de leur fans, j'étais devenu accro et je me suis rendu compte que je n'étais pas le seul.

Je crois que dans des cas extrêmes comme celui-ci, de «collectionnite aigue», le meilleur cd des Sun City Girls est celui qu'on ne possède pas. Depuis plusieurs années maintenant, j'observe régulièrement sur ebay la mise en enchère éventuelle du cd 7 de la série Carnival Foklore Resurrection «Libyan Dream». Pendant des années, ayant perdu une enchère une fois, je ne l'ai plus revu. J'ai parfois fantasmé sur ce disque, espérant que le titre serait éloquent, nous montrant une des facettes musicale des Sun City Girls, celle qui nous transporte dans la musique moyen-orientale sous l'effet de puissants opiacés...

Peu avant Noël je l'ai vu sur ebay....J'ai misé, gagné et depuis reçu....Par contre je ne l'ai pas encore écouté. Quelquechose m'en empêche, comme la crainte de décevoir le fantasme que j'avais monté autour de ce disque. J'ai peur d'être déçu...Je souhaite pouvoir dire que c'est le meilleur disque des Sun City Girls, celui que j'ai attendu pendant si longtemps pour enfin être transporté au nirvana auditif...mais j'en doute un peu...et mon écoute potentielle est remplie de crainte...Peut-être que pendant le temps des fêtes je vais trouver le courage de le faire, peut-être que non....en attendant, je joue les collectionneurs compulsifs et le range à la place qui l'attendait, soit entre «Sumatran Electric Chair» et «Handsome Stranger»

samedi 26 décembre 2009

Phoenix Records


J'ai déjà parlé du Japrocksampler et des fabuleuses rééditions sur Drone Syndicate. Voilà maintenant que le label Phoenix réédite lui aussi quelques perles du top 50 de Julian Cope.

Ils ont réédité le #1 de cette liste soit Flower Travellin Band «Satori» mais je tarde toujours à me le procurer...je trouve ça encore un peu trop rock mais j'imagine que je pourrais m'y faire l'oreille à l'écoute.

Ces trois autres disques qui ont retenu mon attention. Le premier est celui de Ceremony «Buddha meets rock people». Très bon disque truffé de de breaks échantillonables ( et probablement échantillonés). Drôle de mix que des chants bouddhistes sur du rock mais c'est vraiment bien réussi. Une des pièces est un genre d'orgasmotron féminin assez intense mais somme toute pas vraiment déplacé dans le concept.Par contre, on m'a fait remarquer que l'intro et l'outro du disque ressemblent vraiment à du David Axelrod et comme je ne connais pas beaucoup cet artiste, je ne saurais dire qui l'a composé en premier, si c'est un emprunt, un clin d'oeil ou quoique ce soit d'autre.

Ensuite vient deux disques très semblable car une des pièces se retrouve sur les deux disques. Far Out «Nihonjin» consiste en deux longues pièces d'une vingtaine de minutes chaque. La première est chantée en anglais (langue seconde, précisons) mais c'est quand même excellent. Le deuxième morceau est la pièce titre du cd, pièce qui a été reprise quelques années plus tard par le Far East Family Band, soit le groupe Far Out avec d'autres membres. La deuxième incarnation du morceau «Nihonjin» continet des arrangements orchestraux et, tenez vous bien, Kitaro au synthétiseur!! Je vous disais que le New Age revenait en force...

Donc la dernière réédition est «Nipponjin» du Far East Family Band. Plus Krautrock que les deux autres (produit par Kalus Schulze....) c'est possiblement mon préféré des trois. Super psychédélique avec des mélodies accrocheuses, franchement, c'est assez surprenant...

Encore de superbes rééditions cette année, on dirait que ça n'arrête plus...Comment ne pas faire d'ombrage à la nouvelle musique qui sort actuellement ? Je vous le demande....

Définitivement, je vais me pencher plus en détail sur les groupes mentionnés dans le top 50 du Japrock sampler. D'ailleurs, c'est intéressant de constater que mes intérêts musicaux cette année ont été profondément marqué par le Krautrock et le Japrock...deux styles de musique différents mais similaires, en ce sens où les deux genres ont pris naissance dans des pays ayant «perdu» la deuxième guerre mondiale...Comme si cette génération née dans les années d'après-guerre ont voulu faire table-rase sur qui était fait et, qu'en même temps, cherchait à se distancer de la musique populaire américaine à laquelle ils avaient accès, intégrant des éléments musicaux propres à leur cultures respectives et en consommant abondamment des drogues hallucinogènes....Je pense que je vais lire les livres de Julian Cope...


lundi 21 décembre 2009

Franco Battiato: Sulle Corde Di Aries


Très embêtant cette année de faire un top des disques sortis en 2009...Il y en a plusieurs sorties remarquables mais , pour ma part, je me rapellerais de 2009 comme l'année où j'ai découvert le Krautrock...Les écoutes les plus excitantes que j'ai fait cette année sont toutes résultantes d'albums sortis il y plus de trente ans...

Probablement le meilleur disque que j'ai écouté cette année est le fruit d'italien et des années 70. Franco Battiato est un auteur-compositeur qui a connu, et connaît, un certain succès dans son Italie natale. Le très beau label Water a réédité il y quelques années deux des premiers disques de Battiato, soit Fetus (71) et Pollution (72). Le deuxième m'avait plus accroché et c'est au travers de ces arrangements complexes, tirant plus sur le prog, que je me suis fait l'oreille à sa musique. Paraît-il que la musique expérimentale était juste une étape dans sa vie, il est ensuite devenu un chanteur pop reconnu et se serait intéressé ouvertement à la philosophie de Gurdjieff...

Voilà qu'en surfant sur les internets je suis tombé sur une description du disque «Sulle corde di Aries» sorti en 1973. La description était suffisamment intéresante pour que je prenne une chance en le commandant sur ebay. Dès la première écoute j'ai été transporté...loin. J'ose affirmer que c'est un chef d'oeuvre, j'ose. Rarement ai-je écouter un disque si bien ficelé, mélangeant la musique prog, le classique contemporain, le jazz, la chanson, l'électronique....Le jeu de synthé est tout simplement phénoménal, nous rappelant au passage Terry Riley. Solo de clarinette free, paroles en italien et allemand (je crois) c'est vraiment sublime. Par moment on dirait du Penderecki se changeant par la suite en rock psychédélique avec un ensemble de cordes... Ceux qui ne connaissent pas encore devrais y jeter un coup d'oeil...

jeudi 17 décembre 2009

Ohmacht: «Sprachlos»



Lors de notre passage à Berne avec Héliodrome, Mich (du label Mism) tenait à me faire écouter un disque de rap local, disant que c'était le meilleur album de rap suisse. À peine l'a-t-il mis dans le lecteur que je me suis trouvé subjugué par la musique Après deux chansons je lui ai demandé de l'arrêter, que je devais me procurer cet album et l'écouter en entier dans un moment propice (le train par exemple).

Ce disque est le fruit d'un artiste suisse-allemand du nom de Mattr. c'est cependant sous le nom de Ohmacht que c'est sorti. C'est un des meilleurs disques que j'ai écouté cette année. Si ce n'était du fait qu'il soit sorti en 2007, il se serait retrouvé dans mon top de l'année. C'est malade (allo l'objectivité). D'abord , précisons que les paroles sont en suisse-allemand, ce qui fait que je ne comprend pas vraiment (ou pas du tout) ce dont il parle. Mais les beats sombres, tristes et mélodiques nous emportent sans problèmes. Il y a une aura de tristesse tellement belle dans cet album, qu'il nous est impossible de ne pas contempler la mort sans une certaine émotion desirante... De plus, l'utilisation de la langue, la musicalité, les intonations de Mattr, ses roulements de syllabes donnent un aspect quasi-religieux à la chose d'autant plus ennivrant. Parfois, sur certains refrains Mattr se donne des airs de chanteur d'opéra et c'est vraiment réussi; il véhicule une solonnellité incroyable qui fixe notre attention. L'émotion est à fleur de peau tout au long de l'écoute....quel disque....

On reprochera peut-être le fait de ne pas comprendre les paroles. Que dans le rap c'est important les paroles, blablabla....Un de mes diques favoris l'année dernière fût l'album «Juw» du chanteur japonais Kan Mikami. Il chante en japonais tout le long. C'est tellement intense qu'on se fiche bien de ce qu'il peut nous dire...Ne pas comprendre les mots peut être un avantage à l'écoute; on ne rationnalise plus, fini l'intellectualisation des mots, l'évaluation de l'usage de la langue, de voir c'est quoi le message....quand on ne comprends pas la langue on s'en fout un peu...on écoute différemment, avec le centre émotionnel et c'est encore meilleur...


lundi 14 décembre 2009

David Sylvian: Manafon


Je ne suis pas un vieux fan de Japan, ni de glam-rock par ailleurs. Je ne connais pas non plus la discographie abondante de David Sylvian...à vrai dire, je ne suis pas un vrai fan. J'ai découvert Sylvian avec le disque «Blemish», sorti en 2003 sur son propre label Samadhi Sound. Je m'y suis intéressé à cause de la présence de Derek Bailey et Christian Fennesz sur quelques pièces. À cette époque je m'intéressais de plus en plus aux alternatives qu'offraient la musique expérimentale à la chanson traditionelle, comment agencer les mots, varier les intonations, le différentes formes d'écoutes et surtout comment se coller vocalement à des musiciens qui improvisent.

J'ai lu la critique de «Manafon» dans le Wire, superbe pièce écrite d'une main de maître par Ian Penman, qui est probablement mon critique favori dans le Wire, mais trop peu publié ou sollicité. Penman ne se gêne pas pour faire des critiques négatives. En fait, la majorité de ce qu'il écrit est négatif ou très ironique. Il ne se gêne pas non plus pour attaquer des intouchables de la musique...Faut lire la critique négative qu'il a fait du disque de Bonnie Prince Billy «Master and Everyone» et la suite de lettres injurieuses provenant de lecteurs/fans furieux...c'est très divertissant... Ben il s'est permis un peu la même chose avec le nouveau disque de David Sylvian, allant même jusqu'à écrire qu'on serait mieux avec le disque de Polwechsel et John Tilbury intitulé «Field» (sorti presque en même temps sur Hat hut) ...

Faut expliquer: «Manafon» est superbe. La musique est vraiment captivante. Sylvian a fait appel à la crème des musiciens expérimentaux provenant plus des écoles européennes d'improvisation: Burkhard Stangl, Werner Dafeldecker, Michael Moser (tous trois de Polwechsel), John Tilbury, Keith Rowe (de AMM), Evan Parker, Frantz Holtzinger, Fennesz, les japonais Otomo Yoshihide, Toshimaru Nakamura , Tetuzi Akiyama....des géants de la musique expérimentale improvisée. Des géants je vous dit.

Ce que Penman reproche à David Sylvian, et il n'a pas tort, c'est que ce dernier n'a pas su utiliser à leur juste valeur les musiciens invités. Pas dans le sens où la musique est ratée et non inspirée, au contraire, mais plus dans ce que lui, en tant qu'artiste aurait pu parvenir à créer avec ces musiciens. Car effectivement, David Sylvian chante...il chante pas mal même, mais toujours de la même façon avec de légères inflexions ou changements rythmiques. Ce qui donne effectivement l'impression (comme le dit Penman) que les musiciens ont enregistré leurs tracks de leur côté, créant une trame sonore complètement merveilleuse et que Sylvian est juste venu enregistrer son chant par-dessus, une fois que tout était fini. C'est un peu dommage...

Phil Freeman, dans le très bon livre sur le free-jazz «New-York is now», reproche aux rappeurs ayant flirté avec le jazz de ne pas s'être laissé inspiré par le free. Il dit être tanné d'entendre des pièces clichées où un type rappe sur une rythmique en quatre avec des musiciens polis, qu'il rêve du jour où il entendra un rappeur en duo avec saxophoniste s'époumonant... (il n'a jamais entendu l'Ensemble Kesdjan certains shows...). Et c'est un peu le reproche qu'on peut faire à Sylvian...

Qu'y a-t-il de si difficile à s'enfermer dans le studio avec les musiciens, de se laisser inspirer par les petits accidents magnifiques qui sont en train de se produire et d'y contribuer ? Je sais la réponse, pour l'avoir expérimenter et c'est pas évident. Certains vocalistes s'en tirent bien mais c'est vraiment pas la majorité. En tout cas, si Sylvian l'avait tenté, ça nous aurait donné un disque drôlement plus intéressant.

jeudi 10 décembre 2009

Le retour du New Age




Il y a toujours eu de la musique chez moi. Enfant, mon père faisait jouer des disques à tue-tête dans le salon au grand désarroi de ma mère. Plus tard, quand ceux-ci se sont séparés, mon père continuait à être un grand mélomane et prenait le temps d'écouter de la musique, de s'installer dans le salon avec un verre de scotch et de mettre un disque pour l'écouter d'un bout à l'autre. Ce n'était pas un grand consommateur de musique par contre; il avait de nombreux vinyles et achetait quelques cd à l'occasion. Par contre, la musique qu'il achetait le plus était la musique New Age... Je me souviens de l'avoir accompagné à plusieurs reprises à la librairie Nouvel Âge sur Saint-Denis pour y faire sa sélection de disques/cassettes : Kitaro, Karunesh, Vangelis, pour nommer ceux dont je me souviens...Il en avait plein...Il achetait ces albums pour faire jouer dans son bureau et favoriser la relaxation. Mais dans les faits, on en écoutait beaucoup dans le salon, beaucoup.

Je ne sais pas à quel point cette expérience musicale m'a influencé dans l'écoute de la musique et mes goûts musicaux... seulement, je me suis surpris à écouter Terry Riley «Keyboard Studies» et penser à Kitaro. De plus, mon récent engouement pour le Krautrock vient un peu créer une continuité avec cette expérience du New Age... urgh...

Si j'en suis à ces réflexions, c'est que je considère attentivement mes choix pour le top de l'année 2009...et à vrai dire je suis bien embêté car les disque les plus excitants que j'ai écouté cette année sont sortis il y a plus de 30 ans...mais bon, deux se démarquent du lot et j'ai eu l'occasion de les écouter récemment. Disons, que ça se rapproche encore un peu plus du New Age...suis-je condamner à acheter un disque de Karunesh?

Le premier disque est un disque triple de Leyland Kirby, connu aussi sous le nom de The Caretaker. Kirby vient de sortir un disque triple de méditations électroniques au piano, très «droney», avec de subtiles mélodies envoûtantes. Et c'est triste aussi, très triste mais mon dieu que c'est beau. On l'a comparé aux «Desintegration Loops» de William Basinski mais je ne pourrais me prononcer car je tarde à découvrir ce dernier. Intitulés «Sadly, the future is no longer what it was», «Memories live longer than dreams» et «When we parted my heart wanted to die», Leyland Kirby nous transporte dans un monde de solitude, presque aquatique, où l'impression de silence est en fait constituée des bruits surgissant des profondeurs de notre inconscient...C'est très beau...

L'autre sortie du même qualibre est le disque double de Oneohtrix Point Never «Rifts», sorti sur le label No Fun. Ok, No Fun est supposé ÊTRE UN LABEL DE NOISE !? Mais disons qu'avec la tangente que prend le noise (voir Emeralds) c'est plus vraiment surprenant, mais quand même. Sur deux disques c'est un collage de samples , de sons de synthétiseurs, de voix, d'instruments, de loop qui invite plus l'auditeur dans le royaume dit de l'électronica que le noise à proprement parler. J'ai trouvé le deuxième disque un peu plus intéressant, l'inclusion de chant et d'échantillon de piano vers la fin m'a agréablement surpris.

Deux excellents disques électro sortis en fin d'année qui me ramène à mon passé de musique NewAge dans le salon chez mon père...nostalgie oblige, il figureront surement dans mon top de l'année avec le disque de Emeralds...

mardi 8 décembre 2009

Bring the Snow


L'année dernière, j'ai découvert sur le label Digitalis le groupe Twinsistermoon et leur superbe album «levels and crossings» depuis longtemps épuisé. Twinsistermoon est l'oeuvre solo de Mehdi Ameziane qu'on retrouve aussi dans le duo Natural Snow Buildings. C'est ces derniers qui ont retenu mon attention cette année avec plusieurs sorties, sur de nombreux labels différents et toutes aussi envoûtantes les unes que les autres.

Mais voilà que l'autre moitié du duo, Solange Guarte, sors aussi des disques sous le nom Isengrid...ça se complique. De plus, plusieurs de leurs sorties sont parues en version hyper-limitées et se font rééditées, parfois dans la même année...C'est donc cette année que je susi tombé sur les trois disques double du duo...trois disques double...c'est assez impressionnant. Même que la plupart des cd durent plus de 65 minutes...ça par contre c'est un peu abusif...Il m'est d'avis qu'un cd idéal devrait durer entre 40 et 50 minutes, maximum. Donc quand un disque s'étend sur plus de 75 minutes, ça devient excessif. Mais bon, revenons à la musique...

Depuis un bout de temps je voyais sur la mailinglist de Time-Lag la mention du cd double «the dance of the moon and sun» paru sur Student of Decay, avec en dessous une description très très élogieuse de mon ami Nemo. D'ailleurs il signe les liners notes... Cependant, il a fallu trois listes, donc trois mois pour que je puisse me procurer le dit objet, car dès l'instant où je le commandais, il était déjà épuisé..tout pour susciter encore plus d'intérêt.

En attendant, je me suis procuré l'autre cd double sur Students of Decay (!) «The Snow Bringer Cult», une entrée remarquée dans le monde complexe et partagé de Mehdi et Solange. Sur le premier on retrouve des pièces de chaque projet solo des deux et le deuxième cd est composé de morceaux de NSB. Une très belle sortie, très planante, taguée comme folk psychadélique et ce qualificatif lui sied bien. Des voix éthériques, du reverb immense, des moments acoustiques où les mélodies semblent s'échapper du magma sonore, comme attirée par vers lumière produite par le reflet de la neige.

Récemment, c'est sur le label Blackest Rainbow qu'ils ont sorti un autre cd double...sauf que ces albums sont accompagnés d'une bande dessinée traitant de vampires...bon la bande dessinée n'est pas malade, mais le format est intéressant pour une sortie cd. La musique reste semblable, par contre on peut trouver des moments plus «drone» moins mélodiques, mais tout de même similaire.

Je suis toujours impressionné de découvrir de la musique expérimentale faite par des français, drôle de préjugé je l'avoue, mais on dirait qu'il n'y en a pas beaucoup, ou s'il y en a, elle se rend difficilement au Québec (message). D'ailleurs, le dernier truc qui m'a marqué en musique expérimentale française est le projet l'Ocelle Mare, que je suggère aux amateurs de folk improvisé et déconstruit

dimanche 6 décembre 2009

La mort de Jack Rose


Il y a de ces nouvelles qui agissent comme des chocs, cette année on en a eu un bon lot...Personnellement, le décès des célébrités québécoises cette année ne m'ont pas vraiment affectée, question d'intérêt, c'est un peu normal. Il y eut aussi des décès de plusieurs grands du jazz cette année dont Rashied Ali, mais à soixante-dix ans et plus, c'est quelquechose à quoi on doit s'attendre.

Hier est décédé le guitariste folk Jack Rose d'une crise cardiaque à l'âge de 38 ans, c'était imprévisible... J'aimais beaucoup Jack Rose, je l'ai vu au moins 4-5 fois en show à la Casa et la Sala et à chaque fois il m'a transporté...Parceque c'est surement la caractéristique principale de sa musique; nous amener dans un autre plan d'existence, où les images se succèdent et où on ne sait plus très bien si on rêve ou si on écoute de la musique... J'ai été initié à sa musique par Justin à l'époque de Cd Ésotérik, l'album «Two originals of Jack Rose: Red Horse, White Mule & Opium Musick» venait de sortir sur vhf et Justin ne se pouvait plus, je devais absolument acheter ce disque. Je n'étais pas un grand fan de guitare acoustique/slide à l'époque, à vrai dire ça ne m'intéressait pas vraiment. Mais à l'écoute de cet album il y a quelque chose qui m'a frappé. Je ne sais pas si c'est certaines tonalité orientales, la présence de drone de tambura où les liners notes totalement cryptique, mais chose certaine, j'ai été happé de plein front par un genre musicale qui m'était inconnu. La musique de Jack Rose a été ma porte d'entrée dans l'univers des guitaristes folk et grâce à lui j'ai découvert une musique incroyablement fascinante, sensuelle, qui venait chercher quelquechose en moi d'indescriptible...

Par la suite je me suis initié à ses prédécesseurs: John Fahey, Robbie Basho, Leo Kottke, Sandy Bull, Peter Walker... ses contemporains: Glenn Jones, Harris Newman, James Blackshaw, Mike Tamburo, Keenan Lawler, Peter Gunn, Sir Richard Bishop, Tetuzi Akiyama, Tom Carter.....et la liste s'allonge... Paul Metzger, Daniel Higgs, Matt Valentine.......plein de musiciens qui m'inspirent et m'influencent énormément dans ma perception de la musique . Je ne peux être que reconnaissant envers Jack Rose (et Justin!). Certains de ses détracteurs disaient qu'il sonnait beaucoup comme John Fahey, mais comme c'est lui qui m'a fait découvrir Fahey....Un autre élément majeur de cette ouverture musicale fut la découvert du groupe Pelt, dont il faisait parti. Pelt est un de mes groupes favoris, où se mêlent drones, guitare accoustiques, manipulations électroniques et surtout improvisation...mon entrée dans le folk improvisé...

Par ailleurs, je réfléchissais justement cette semaine à l'avenir du genre musicale de la guitare folk. J'écoutais le nouveau disque de C Joynes «Revenants, Prodigies and the Restless Dead» et me disait que le genre arrivait à un cul-de-sac et qu'il allait devoir se réinventer. Sur cet album, il y a des pièces de guitare solo mais aussi d'autres où il est accompagné de d'autres musiciens, jouant de la zither, du banjo, de la thérémine, de la contrebasse...et je trouvais que c'était les pièces les plus réussies. Le décès de Jack Rose cette fin de semaine vient de confirmer mon entrée dans une nouvelle ère musicale...

jeudi 3 décembre 2009

Le Hip-Hop et moi : message aux rappeurs


Bon, j'ai déjà abordé ici les thèmes qu'on va retrouver mais toujours sous un angle particulier. Ce qui me fait réagir, c'est la lecture de l'entrevue de Manu Militari dans le Voir cette semaine. J'ai beaucoup de respect pour l'oeuvre de celui-ci, un des très bon rappeur québecois. Cependant, quand celui-ci se dissocie de la scène hip-hop ça me fait réfléchir.

La semaine dernière, dans un des hebdos anglophones, un rappeur de Velvet Trench Vibes disait la même chose : Je ne suis pas hip-hop, je ne me reconnaîs pas dans le hip-hop, etc... le plus étrange dans tout ça, c'est que je tenais le même discours il y a quelques années, quand je commençais à expérimenter avec le hip-hop... Mais jusqu'à preuve du contraire, Manu et Velvet Trench Vibe font du hip-hop, live band ou non... La notion d'identité à travers le hip-hop (et la société québecoise entres autres) est un sujet qui a mobilisé beaucoup de réflexion chez moi quant à savoir ce qui en était vraiment et aussi pour enfin parvenir à répondre aux questions c'est quoi le hip-hop et qui est hip-hop? On opposera que c'est surement pas nécessaire à définir, que c'est un genre d'élitisme et de ségrégation...ben ceux qui le pense n'ont pas tort...seulement c'est un peu plus nuancé.

D'emblée, il est important de considérer le hip-hop comme une culture, je ne reviendrais pas la-dessus. Culture profondément new-yorkaise qui s'est répandue à travers le monde de par son attrait pour la jeunesse. Jusqu'au milieu des années 2000, la culture hip-hop pouvait encore être considérée comme marginale et celà contribuait grandement à sa diffusion au travers de toutes les couches sociales de nombreuses communautés sur le globe. Marginale pricipalement car sous-jacente à la culture de masse, proposant une esthétique de vie différente et un modèle d'éthique tout aussi différent. Donc, ces facteurs (et d'autres surement) ont largement aidé à cette identification de masse de la jeunesse...

Abordons un peu l'identification. Lacan a introduit le concept du stade du miroir afin d'illustrer ce processus identificatoire, construit sur une notion d'idéal du moi. Cette impossibilité humaine à pouvoir se réprésenter à nous-même qui nous sommes, a laissé un trou énorme. Un trou par lequel passerait la culture, l'éducation, etc... On peut penser que la culture hip-hop est venue boucher ce trou (en partie). Et a permis à de nombreuses personnes d'arriver à une image d'un moi idéal plus ou moins satisfaisante (notons que le moi idéal n'égal pas Idéal du moi, selon Lacan). Tous s'entendent pour dire que l'adolescence est une période déterminante pour la construction identitaire et il n'est pas rare de voir le hip-hop s'instaurer chez l'individu durant cette période, lui permettant d'articuler une image de lui-même qui lui convient. Je parle du hip-hop mais ça peut être n'importe quoi, on s'entend...

Seulement, il arrive qu'en vieillissant, cet idéal se modifie et on s'identifie à d'autres choses, c'est normal. Rester dans le même état identificatoire nous promet de belles choses, qu'on peut voir avec la génération des 30 ans et plus, qui s'accroche de façon pathologique à des idéaux et des images légèrement puérils; fascination de la criminalité, obejctisation de la femme, accumulation de biens matériels à outrance, etc...vous voyez suremement où je veux en venir...

Est-ce que c'est ça le Hip-Hop? J'espère que non. En fait, non. Ce n'est pas du tout ça. C'est ce qu'on veut nous faire croire et ça réussit. La preuve, Manu Militari qui s'en dissocie...c'est assez éloquent. Pourtant, je suis persuadé qu'adolescent il s'est identifié à fond au hip-hop, même chose pour Velvet Trench Vibes, mais là ils ont grandi, n'écoutent plus vraiment de rap, ne partagent pas les valeurs médiatisées de cette culture...j'ai fait pareil mais maintenant je propose le mouvement inverse. Car ce sont eux, les rappeurs en marge de ce qu'on veut nous faire gober comme valeurs, qui peuvent contribuer à changer cet état des choses. Personellement, faire du rap implique s'inscrire dans une tradition culturelle propre au Hip-Hop; la musique, les propos, etc, peuvent complètement être en marge de ce qui est commercial mais ça reste du rap... Le rap n'est pas le hip-hop diront certains, c'est vrai. On peut faire du rap sans être Hip-Hop: Lucien Francoeur, Daniel Lavoie, Mc LaSauce...Des gens qui font du rap sans avoir cette notion d'identification avec la culture qui l'a vu émerger. Et s'ils l'avaient, je soupçonnerais un certain trouble de personnalité car le hip-hop répond bien aux adolescents, pas aux adultes...

On peut donc changer les choses, en affirmant haut et fort qu'on fait du hip-hop, et que dans le hip-hop il y a du bon et du mauvais. Qu'en choisissant de faire du rap, on a choisi aussi de s'inscrire dans une mouvance culturelle et qu'on accepte d'avoir à lutter pour montrer que le Hip-Hop , ce n'est pas nécesssairement ce qu'on veut nous faire gober... et j'en connais beaucoup de rappeurs qui pourraient porter le chapeau, rendant ainsi à cette culture un peu du bien qu'ils ont reçu lorsqu'ils se cherchaient et étaient en quête d'identité. Parceque le Hip-Hop se cherche présentement et est en crise. On peut tous fuir le navire et l'abandonner comme un jouet désuet, c'est possible...mais on peut aussi y rester et contribuer à changer des mentalités. À accepter aussi ce qui nous énerve de cette culture et qu'on rejette d'un bloc. Quand on me demande si je m'identifie à la culture hip-hop je réponds que je n'ai pas le choix...elle m'a tellement donné que je dois le lui rendre, en montrant que cette culture évolue, mûrit, se transforme, adopte des formes complètement fucked up/abstraites mais ça reste du Hip-Hop... même si ses puristes disent le contraire...

On m'a demandé en entrevue il y a quelques années c'était quoi pour le moi le hip-hop....j'ai répondu que je ne savais plus... À la limite on s'en fout de ce qu'est le hip-hop, tout ce que je sais c'est qu'en faisant du rap, j'en fais parti, Velvet Trench Vibes et Manu Militari aussi.

lundi 30 novembre 2009

Pourquoi je déteste Ira Lee


La première fois que j'ai vu Ira Lee, c'était pour un show d'Héliodrome à l'Inspecteur Épingle. C'est Scott Da Ros qui m'a suggéré de booker cet énergumène sorti tout droit des prairies canadiennes. Mais il a fait tout un show...d'ailleurs je l'ai invité par la suite à Rap Maudit et on me parlait encore récemment de sa performance. Parceque Ira Lee c'est un «showman». quelqu'un qui est capable de laisser une impression instantanée dès les premiers instants où on le rencontre, donc imaginez en show... Il m'a aussi remis son cd double (!) intitulé «Die» que j'ai bien apprécié. Vous commencez à comprendre pourquoi je le déteste? Cet enfoiré a poussé l'audace jusqu'à m'inviter à poser sur son prochain disque «My favorite songs by me». Il m'a envoyé l'album en mp3 en me disant qu'il souhaitait m'entendre sur la chanson «Montreal»...Non seulement je ne fais pas beaucoup de featurings, mais en plus il me suggère une chanson totalement clichée qui traite de la ville de Montréal...pathétique....Mais je me suis dit; pourquoi pas? C'est un gars cool et il est temps que je sorte de mon isolement artistique. Je me suis donc présenté chez lui pour enregistrer deux court couplets, dont j'étais quand même assez satisfait. Après avoir enregistrer mes couplets Ira m'a «bullyer» à enregistrer des insultes en français s'adressant aux anglophones de Montréal!!! Il m'a forcé à le faire et même frappé. De plus, je suis parti sans ma passe d'autobus ni mon argent de dîner...

Voilà donc que sort cette semaine «My favorite songs by me» de Ira lee. Depuis le printemps que j'ai le disque sur mon ordi, mais bon....disons que ça perd en fraîcheur...


Pour ceux qui ont vu Ira en show peuvent comprendre qu'il s'agit d'un rapper intense, se vidant complètement sur scène, faisant de chacun de ses shows une expérience...je l'haïs aussi pour ça. C'est intense surtout car M. Lee (comme dans Bruce Lee) semble s'ouvrir complètement dans ses chansons; il se vide de son énergie et ses émotions d'une façon bouleversante. Sur disque c'est très semblable. Indéniablement une oeuvre intime, touchant à des thèmes très proche de sa vie; sa mère, sa grand-mère, les gens qui ont peuplé son enfance, ses relations amoureuses, son mensonge pathologique... Je ne sais pas si tout ce qu'il dit est vrai, si c'est le cas je souhaite à personne de vivre une enfance comme la sienne, dealant avec la toxicomanie de ses parents, leur délinquance, la violence... Seulement, il aborde ces thèmes avec une simplicité désarmante, donnant à l'ensemble de l'oeuvre un genre de naïveté enfantine.

Mais il y a aussi des thèmes complètement fucked up...J'admire la capacité de certains rappers d'aborder des concepts de chansons impliquant qu'ils doivent chercher leur inspiration ailleurs que dans le catalogue hip-hop. Et lui le fait d'une façon assez particulière...Difficile de ne pas souligner la chanson «She's only twelve years old», une chanson d'amour romantique, s'adressant à une fillette...éloge de la pédophilie...impossible de retenir un certain malaise à l'écoute de cette chanson, un malaise joussif cependant. Ira Lee tu me fais chier. Ou sinon, une chanson sur le pourquoi il volerait la bicyclette de notre soeur...«Other peoples bathroom»??!! (vous imaginez le thème), tout simplement génial...C'est probablement le disque le plus plaisant que j'ai écouté récemement. Plaisant car c'est lourd mais léger en même temps, les beats sont accrocheurs mais aussi assez fucké. D'ailleurs c'est Ira qui assure la majeure partie de la prod, avec certains invités comme Scott Da Ros sur «Pig Man» (un sujet de track assez intéressant aussi), le français Funken sur les pièces plus upbeat (malade la toune «Mike Brown») et le suisse Mattr (que je parlerais plus en détails plus tard) sur les tracks les plus mélancoliques (ma préférée «A man is nothing»). Aussi, surveillez la sortie de la collabo entre Mattr et Ira intitulé quelquechose du genre «Little Eskimo Jesus» qui doit paraître prochainement.

Mon entrée précédente comparait un peu deux chanteurs folk et j'ai réfléchi à ça...Dans le rap, en tant que rapper j'imagine, je porte beaucoup d'attention au flow; la façon dont sont agencé les mots, comment ils sont posés sur le beat, les pauses, les inflexions de voix...Je mentionne ça car deux pièces ont suscité une surprise dans le flow et le ton utilisé par Ira. La première «Other peoples bathroom» m'a beaucoup fait penser à MF DOOM et la toune «Henry» à Slug d'Atmosphere...Déformation professionelle surement. Mais qu'on se le tienne pour dit, ça n'enlève rien à cet album. Rien par rapport à un artiste nommé Arecee, qui a sorti un bon disque mais qui sonnait tellement comme Aesop Rock que c'est impossible de l'apprécier à sa juste valeur (mais il a changé son flow depuis)

Fuck you Ira Lee. Tu as sorti un des très bons disque de cette année et tu m'a forcé a y participé. Tu me fais chier...

on peut l'acheter ici

D'ailleurs, une apparition de Ira dans une minisérie vraiment intéressante!!

samedi 28 novembre 2009

Jay Bolotin ou Leonard Cohen?


Dans une entrée précédente, j'ai parlé du chanteur folk Jay Bolotin et surtout de sa superbe chanson " Dear Father", sur la compilation Lonesome Strangers du label Numero Group. Voilà donc que les merveilleuses personnes derrière le label Locust ont réédité l'album complet de Jay Bolotin, paru en 1968. D'emblée, la pièce "Dear Father" laissait présager de grandes choses, c'est pourquoi je n'ai pas hésité à commander ce disque direct à Locust. J'avais parlé aussi de la ressemblance "fortuite" avec Leonard Cohen, en ce qui concerne le jeu de guitare, le ton et le thème de cette chanson...

Maintenant, je ne sais pas si cette ressemblance est vraiment "fortuite" (notez les guillemets)... J'ignore la popularité de Leonard Cohen dans les années soixante, si ses chansons connaissaient une diffusion importante ou s'il faisait beaucoup de spectacles...Beaucoup de choses se ressemblent dans la musique et on dirait que les gens sont un peu frisquet à l'idée de le souligner, surtout certain critiques musicaux. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi personne n'a souligné l'étrange ressemblance entre la Patère Rose et Coeur de Pirate ? ou encore Coeur de Pirate et Woelv (le projet musical de Geneviève Castrée)? Et les exemples somnt nombreux. Donc, pourquoi le gens de Locust n'ont-ils pas fait le rapprochement entre la musique de Jay Bolotin et celle de Leonard Cohen? Et s'ils l'ont fait, ont-ils eu un malaise à cette idée?

Je comprends pourquoi on a voulu rééditer cet album depuis des années disparu, c'est un très bon disque, un folk intime, épuré avec des chansons qui nous prennent aux tripes...mais tout de même...De plus, Bolotin aurait enregistré ce disque à l'âge de 18 ans !? Je doute que quelqu'un puisse écrire de telles chansons à cet âge sinon en s'inspirant d'un autre écrivain...Avec des thèmes touchant à la mort, la solitude, la paternité, l'amour...à 18 ans?! et traité de la façon dont il le traite...soit c'est quelqu'un avec une incroyable maturité ou sinon quelqu'un qui a une facilité à intégrer des textes/états d'âmes appartenant à d'autres. D'ailleurs, on se rend bien compte qu'il ne fait que se rapprocher de ce qu'il tente de recréer.

L'exemple le plus flagrant est la chanson de Bolotin "You are a women". Super belle chanson mais putain que ça ressemble à "One of us cannot be wrong" (sorti en 1967) de Cohen... Les accords de guitare, la façon de chanter, l'air, certaines intonations de voix...peut-être que j'hallucine aussi...

Je ne veux rien enlever à Bolotin, son disque est très bon, je l'ai écouté plusieurs fois depuis que je l'ai reçu, mais il faut faire attention de ne pas lui donner trop de spotlight pour éviter les poursuites...

Et comme il n'y a pas de mauvaises raisons pour faire jouer du Cohen:

vendredi 20 novembre 2009

La musique du diable


Depuis quelques années, je surveille régulièrement les sorties des labels locaux. Avec plusieurs connaissances/amis oeuvrant dans le noise, je suis entré en contact avec les catalogues de Pasalmany Tapes, Fluorescent Friends, Brise-Cul records et Le Son666. Il y a deux semaines, j'ai appris la sortie de nouveaux disques sur le Son 666; Nimalan Yoganathan et Helen O'. Les gens derrière Le Son m'avaient plus habitué à des sorties «noise», j'ai donc été surpris d'écouter des trucs plus mélodiques.

Tout d'abord, abordons la sortie de Yoganathan : «The ganges will run dry». Il y a un an, j'aurais été agréablement surpris par cet album...Cependant, depuis deux mois, je me suis immergé dans la musique de Astral Social Club et je ne peux m'empêcher de faire des rapprochements. Je sais bien que Neil Campbell n'a rien inventé, mais il le fait rudement bien. Si je fais ce lien avec cet artsite, c'est que sur «The ganges...», certaines pièces sont construites avec des beats, des sons abstraits arrythmique,, un peu de noise, bref un genre qui s'est bien développé depuis les dernières années. C'est pas mauvais, seulement que d'autres le font mieux...Les beats, surtout les drums, sonnent un peu «flat» et cheap selon mes goûts...Mais provenant de l'école du hip-hop, j'aime des genres bien précis de drumkits, je suis ouvert, mais quand ça sonne un peu trop cacanne, je décroche un peu... Le reste du disque est teinté de sonorités orientales, surtout grâce à l'apport d'une instrumentation dite «typique». L'intro se veut aussi un cut-up de speechs associé à un des Bush, parlant de guerre et d'hégémonie américaine, genre de manifeste contre la politique extérieure des États-Unis...discours un peu dépassé et légèrement surutilisé....mais bon, j' imagine que l'élection d'Obama ne vient pas effacer ce que ses prédecesseurs ont instauré assez profondément.

La deuxième sortie est Helen O': «Self-titled e.p.».Derrière Helen O', se cache mon ami Léon Lo, qui fait aussi partie d'Héliodrome et collabore à l'Ensemble Kesdjan. Même si je ne conaissais pas Léon, je dirais la même chose que je vais dire maintenant, aucun parti pris. Quand j'ai commencé à écouter ce disque, je n'ai pas pu m'arrêter...En 2005, Léon est allé au Japon quelques temps et en a profité pour enregistrer les pièces de ce e.p., qui incluent aussi quelques collaborateurs japonais (Ohta Yohei et Tamayanagi Teruki, superbe pièce!!!), Brian Lipson (trompettiste avec qui Léon faisait parti du projet White Flower) et Serene El-Haj Daoud (la copine de Léon). 6 pièces donc, toutes aussi belles les unes que les autres, s'enchaînant sans faille. On trouve beaucoup de trucs la-dessus; du violon , l'instrument de choix de Léon, des échantillons, des fields recordings et bien entendu, ceux des collaborateurs; clarinette basse, trompette, voix, water harp (!?)... Je ne pourrais faire suffisamment d'éloges sur ce disque, c'est tout simplement excellent...Par moment, la naiveté de certaines mélodies me rappelle un peu le groupe japonais Maher Shalal Hash Baz à son meilleur. Merci à ceux qui ont aidé à sortir cette perle, je suis très fier de collaborer avec un artiste de ce calibre. Maintenant, que quelqu'un sorte l'album d'Enfant Magique (de Éric Gingras) et de Bowly (Olivier B.), vite s.v.p.!

vendredi 13 novembre 2009

Khôra : Le silence


J'avais promis de revenir sur le disque de Khôra après écoute approfondie. En spectacle je n'avais pas été convaincu et qualifié le tout d'un sous-produit de Godspeed. Finalement, je trouve que ça ressemble plus à Set Fire to Flames, le côté mélodique en moins. Mais c'est pas mauvais.

Rare sont les productions musicales qui ont cette capacité à commander le silence chez l'auditeur.Plusieurs facteurs personnels à l'auditeur sont naturellement nécessaire à ce que se manifeste cette qualité d'écoute hors de l'ordinaire. Mais le contenu musical a aussi sa part de responsabilité . J'étais paisiblement attablé au café au coin de ma rue, lisant les «Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse» de Lacan en écoutant un disque qui détournait mon attention de ma lecture. J'ai changé pour celui de Khôra et c'est alors produit l'effet tant attendu: silence dans mes pensées, un état presque méditatif me permettant de focuser sur ma lecture à près de 100%... Étrangement, le titre du cd est «Silent your body is endless». Et c'est l'impression que ça m'a fait; une ouverture sur l'immensité de mon être , couplée d'une compréhension accrue des notions exposées dans ma lecture. Six morceaux , séparés en trois mouvements : Spin, Measure, Cut. J'ai aucune idée de ce que ça peut bien vouloir dire dans le contexte de cet enregistrement... seulement, les deux pièces de la section Measure valent vraiment la peine d'être entendue, et c'est de 1 à 3 que ce disque est vraiment intéressant. Il reste encore des élans «Godspeediens» dans cet album, et c'est, selon moi, les morceaux les moins bien réussi...

Considérant que ce disque est l'oeuvre d'un seul homme, je trouve qu'il s'en est très bien tiré en jouant (ou échantillonant?) une multitude d'instruments et les superposant couche par dessus couche, créant des nappes atmosphériques envoûtantes.

http://www.khora.ca

mercredi 11 novembre 2009

Noah 23 :roches papier ciseaux


J'ai mis du temps à embarquer dans la musique de Noah 23. Lorsque j'étais à Berlin, je n'ai pas arrêté d'écouter son plus récent disque intitulé «Rock Paper Scissors». J'étais vraiment incapable d'écouter autre chose...

Noah 23 vient de Guelph en Ontario. En joke, certains de mes amis qualifient le rap underground de «rap de l'Ontario», avec tous les préjugés pouvant être liés à cette appellation de grand cru...En février dernier, nous avons eu la chance de jouer avec lui lors d'un concert à la Casa. À ce moment j'ai réalisé que Noah 23 était un sacré bon rappeur...Noah est aussi à la tête du label/collectif Plague Language qui comprend entres autres Livestock, Baracuda, The Main...Entre eux ils forment aussi différents sous-groupes comme Weird Apples, Bourgeois Cyborgs, Crunk 23...

Ainsi, «Rock Paper Scissors», sorti plus tôt cette année sur Plague Language, est un album de collaborations. Chaque morceaux présente des featurings différents au niveau de mc's et la production est assurée par différents beatmakers tels MadAdam, Fresh Kils, Anu Kongo, Debmaster...Sur cet album, Noah démontre comment il se situe au-dessus de la majorité des autres rappeurs. Celui-ci fait preuve d'une agilité lyricale hors-pair, variant les flows, les rythmiques et les thématiques tout en gardant une homogéinité surprenante. De plus, Noah ne se fait pas «outshine» par aucun des featurings...ça c'est un tour de force, surtout quand on a des invités tels Bleubird, Josh Martinez, Staplemouth, Sole, K-The-I ???, Cadence Weapon et surtout Ceschi Ramos, le rappeur le plus en vue du moment. D'ailleurs, le morceau produit par Ceschi est un des moments forts de l'album, le seul bémol étant la paresse créative du beat, où une toune de Daniel Johnston est tout simplement loopée, refrain inclus...

Il y a des chansons superbes sur cet album qui valent pleinement d'y jeter une oreille. Naturellement, sur 23 morceaux, il y en a des plus faibles mais la majorité de l'album est excellent, plaçant Noah 23 parmis les grands rappeurs, et ce , je le dit en toute honnêteté.

Pour acheter tous ces merveilleux projets c'est ici

aussi, petit clip de la chanson de Noah et Ceschi «Faded»


En prime, comme c'est la mode...un très bon battle entre Noah 23 et Osa à KOTD

samedi 7 novembre 2009

Journal de bord 2 : Berlin


De retour à Montréal, je peux recommencer à m'occuper des préoccupations routinières...C'est toujours étrange ce feeling de retour de voyage, de voir le filet des habitudes se refermer sur nous après avoir passé des semaines à l'extérieur de la routine...La partie de cette tournée a eu lieu à Berlin où nous avions deux shows de prévus. Finalement c'est quatre shows que nous avons fait. Bon, d'emblée, qu'on se le dise, Berlin c'est pas «all that». J'ai pas aimé Berlin, trouvé son atmosphère oppressante, son histoire lourde et ses tentatives de la fuir futiles. Amateur de nightlife et de consommation de substances, vous y trouverez peut-être votre compte, mais pas moi. L'ambiance m'a rendu physiquement malade, avec des nausées constantes, présentes jusqu'à ce que je quitte la ville...Peut-être est-ce le contexte de notre hébergement qui était lourd mais j'en doute. Je me suis fait écoeuré par des genres de skinheads hip-hop dans le métro, traité de sale tête d'arabe par un turc dans un café, confronté à des discours élitistes proche du racisme...

Certains disent que l'humilité des allemands face à leur histoire est belle... personellement j'ai trouvé que c'était une fausse humilité, s'apparentant plus à une culture du vaincu. Mais bon, je n'ai pas rencontré tout le monde et c'est peut-être uniquement dans le cercle des gens que j'ai rencontré. Ypl et moi avons aussi trouvé une bonne expression en disant que Berlin est «hipstérélisé». C'est à dire qu'on dirait un genre de Mile-End x 1000 où tout le monde cherche à être quelqu'un et s'habille à la mode hipster, tous sont artistes et/ou musiciens et croient être dans la mecque des arts...Tenez le vous pour dit, Montréal n'a rien à envier à Berlin, si ce n'est son système de transports en commun, très efficace même la nuit.

La meilleure rencontre que nous avons fait est celle de Jayrope, qui collabore avec Bleubird sur le projet Prinzenallee, qui devrait sortir prochainement sur Endemik. Je m'attendais à rencontrer un beatmaker et finalement je susi tombé sur un musicien expérimental, qui trippe sur la même musique que moi et qui fait des projets totalement autre que du hip-hop, bref quelqu'un avec qui on allait bien s'entendre, tellement qu'on a invité Jayrope a jouer avec nous à Madame Claude le 3, et quel show...Une chose positive qu'à permis cette trournée, est la direction artistique prise par Héliodrome. Avant de quitter on s'était dit que si on pouvait, on éviterait de jouer des chansons de l'album et de faire des trucs complètement différent. C'est ce qu'on a fait, avec comme résultat trois sets complètement différents et une ligne créative plus axée sur l'instrumentation live que sur des échantillons. Les commentaires lors de nos shows en Allemagne ont été positifs, la comparaison la plus flatteuse étant avec Carla Bozulich, qui nous précédait d'une semaine dans sa tournée.

Ah oui, on a aussi enregistré chez Jayrope une séance d'impro assez intéressante pour qu'on considère sortir le tout sous forme de cd-r ou cassette plus tard cette année ou au début de l'année prochaine. À suivre...

Pendant ce voyage j'ai reçu une bonne nouvelle; je vais commencer à écrire des critiques de disque en anglais pour le webzine de Digitalis Industries. Je vous invite donc à y jeter un coup d'oeil dans un futur rapproché.

lundi 26 octobre 2009

Journal de bord

Faute de temps, je n'ai pas pu me permettre de post sur mon blog. Désolé pour les avides de musiques, je promets d'être plus assidu à mon retour. Car effectivement, je ne suis pas chez moi, je dors depuis une semaine chez des gens différents, testant les divans et les toilettes d'Europe tout en courant après les trains....ah la vie d'artiste...

Présentement en tournée avec Héliodrome en France, Suisse et Allemagne, on bénéficie d'un petit congé à Berne et j'en profite pour faire un update.

C'est la deuxième tournée en europe pour Héliodrome, la première l'année passée nous avait mené à Rennes, Angers, Bordeaux et Saint-Etienne. Cette année nous avons débuté dans les Pyrénées à Arcizans-Avant, cillage de 300 habitants. Nous avons joué Chez Pierrot, un bistro de pays offrant des soirées concert. Superbe accueil, une soirée énorme dans un endroit tout simplement enchanteur avec des gens super gentils. Une tournée qui débute bien. Ensuite, nous sommes passé à Tarbes, aussi dans la région des Pyrénées, au Celtic Pub. L'accueil de Jean-Louis, le patron, et Muriel fut très apprécié mais insuffisant à empêcher ce goût amer qu'a laissé cette ville. Tout simplement affreux...Tarbes c'est sale, ca ne sent pas super bon et c'est mort...Bref, on a quitté au plus vite pour rejoindre Bordeaux.

Bordeaux c'était les retrouvailles, dormir chez Chloé et Migwel, ville plus familière. On était très content de revoir ces deux-là et on a passé du bon temps, même si ypl ne pouvait plus contenir ses mouveents intestinaux...On a fait deux shows à Bordeaux; un premier comme showcase chez le disquaire Total Heaven, pas beacoup de gens mais un set psychadélique à souhait qui a laissé une bonne impression. D'ailleurs, un des gars qui nous bookait pour l'autre show n'a pas cessé de m'en reparler durant la soirée, disant que ca lui faisiat penser un peu à Godspeed...bon la comparaison est flatteuse... Plus tard c'est au Saintex qu'on a joué, sur les Cours de la Marne. Ce show fut organisé par le collectif Iceberg, gros colectif sur Bordeaux qui bouge énormément. En première partie il y avait M. Crane, du groupe le Pingouin et un autre acte dont le nom compliqué m'échappe. Très belle soirée, encore une fois superbe accueil, nourri comme des rois. Pour ce show on a offert un set complètement différent, soit un truc beaucoup plus électro, set qu'on a monté de toute pièce une journée avant notre départ. Du coup, tous les spectacles que nous avons fait ont été soit acoustique, soit électro. Aucun ne comprenait les chansons de l'album....On aime les risques et l'improvisation!! D'ailleurs ce set électro s'est pas mal concrétisé à force de le jouer.

Après Bordeaux, direction Saint-Etienne, retrouver Dimitri et l'association Univer'Soul. Cette asso fait bouger à mort le hip-hop expérimental, présentant des sows presqu'à chaque semaine. ça manque au Québec, des structures comme les Asso qui prennent en charge une scène et s'efforce à faire bouger les choses...idée qui germe...Bref à Sainté on partageait l'affiche avec Zoen, James P.Honey et James Reindeer (deux types dont j'ai déjà parlé ici) et on rencontrait finalement un partenaire de label basé à Seattle, Filkoe, qui se dit grand fan avoué de notre musique. Ici notre set électro a eu l'impact escompté auprès des autres artistes et de Dimitri, que je considère comme mon alter ego en France! Quand même une excellente soirée malgré un public difficile à qui j'ai du faire une leçon de sacres québécois...Les James ont tout simplement adoré et c'est un honneur de se faire dire ça par des gens qu'on estime aussi musicalement. Bons moments avec des gens qu'on repecte= belle soirée.

S'ensuivit Berne, ou je suis présentement, entrain d'écrire sur un clavier allemand...On a joué dans une salle illégale (mais tolérée) appelé Raum. Ce show a été possible grâce à Mich du label Mism, qui s'efforce également à faire bouger Berne. Pas beaucoup de gens mais notre set d'impro électro est devenu tight!! Un des très bon shows qu'on a fait à vie. La barrière de la langue étant quand même plus présente qu'on pensait, les gens sont venus nous dire qu'is vaient tout de même bien aimé. De plus les patrons du Raum, Can et Nicole, sont super gentils et nous hébergent comme des rois! Un peu dépaysant tout de même...En première partie de notre show il y avait le groupe électro Everest, patrons du label du même nom. Très bon set de leur part également. Ce soir on va prendre un drink dans leurs bureaux. Berne c'est super beau et triste aussi...ça fitte avec notre musique...

L'accueil en europe pour les groupes n'a rien à voir avec ce qu'on fait au Québec...On a été logé, nourris et alcoolisé à chaque endroit où on a joué...pas de coupons, pas de restrictions...ça me gêne un peu après de recevoir des groupes étrangers à Montréal...Triste. C'est triste aussi de voir le réseau de shows qui est beaucoup plus développé pour le hip-hop underground en Europe...Plein d'artistes canadiens et américains tournent à profusion en Europe mais ont de la difficulté à jouer chez eux....

Dans quelques jours, départ pour Berlin et fin de cette tournée....à suivre....

jeudi 8 octobre 2009

Electric Kesdjan Unit


Ça fait maintenant une semaine et plus, que j'écoute non-stop le disque à paraître du Kesdjan Unit...Le mix est terminé, l'ordre de tounes déterminé aussi, les titres également et finalement on vient de recevoir le lien du mastering...Ouf...et tout ça avant de partir presqu'un mois en Europe avec Héliodrome... Je crois que je suis à bout...bon pour la dépression nerveuse...Rien de trop grave donc.

Reste juste à printer les cd et je vais avoir les 25 premières copies de ce disque. 25 autres vont suivre plus tard, avec surement un artwork différent... (pas sûr, ça reste à déterminer). Je ne sais pas quoi penser de ce disque...Définitivement quelquechose d'iconoclaste, difficile encore à catégoriser, mais ça c'est un peu ma marque de commerce. Le plus près que j'ai trouvé comme ressemblance, c'est le groupe Town and Country, que j'aime beaucoup d'ailleurs. Un mix particulier donc de folk, d'électronique, de Kraut (!), de free-jazz/improv...

Faut dire que l'enregistrement a été assez spécial, une journée complète dans Hochelaga aux bureaux de Stress Limit Design, la présence de Mike Tamburo avec nous....un journée complète de jams débiles, tous enregistrés, entrecoupés d'éclats de rires, de conversations impromptues, de tuning... au départ, les fichiers audio était tous semblables...tout le monde joue en même temps, des moments sublimes, beaucoup de filler, il s'agissait de trouver les perles dans la cacophonie. Travail difficile mais très possible car il y en avait des perles, plein même. Il faut mentionner aussi que l'espace à Stress Limit est encombré d'instruments: pleins de synthés différents (micromoog, rhodes, hammond, un yamaha vintage ? et un autre très très vintage ?), un drum, des guitares électriques, un speaker Leslie (!), un saxophone, clarinette...bref...il manque juste la créativité (qu'on retrouve souvent là-bas) pour que cet espace s'enflamme.

La session a été enregistré par Colin Vernon, qui a aussi joué sur le disque, pleins d'instruments. Les autres musiciens sont : Mike Tamburo (hammered dulcimer, guitare électrique, drums ), Justin Evans (rhodes, micromoog et autres keyboards), Pascal Langlais (slide guitar, dulcimer appalachien, guitare electrique, drums...), Éric Gingras (contrebasse, guitare électrique, drums...) et moi même (synthétiseur et un peu de free drumming). Carlo Della Motta est aussi arrivé en fin de journée et a joué du synthétiseur, je crois qu'il est sur le disque mais pas sûr...Le tout a été improvisé le 20 janvier 2008...

Pour mixer le disque j'ai fait appel à Scott Da Ros de chez Endemik, toujours partant pour un nouveau défi. C'est une drôle d'idée de faire mixer un disque d'impro par quelqu'un plus habitué aux beats et à la chanson plus pop...Il a donc axé le mix sur les lignes mélodiques et sur des structures de chansons. Le résultat est surprenant. Il y a des moments très pop (!), et c'est une écoute très agréable. Je suis curieux d'avoir des feedbacks...bientôt, bientôt j'espère, ou sinon début novembre chez vos bons disquaires: Atom Heart et l'Oblique.

mardi 6 octobre 2009

Le pouvoir du drone


Je néglige un peu mon blog ces temps-ci. Pas vraiment le temps d'écrire, d'autres préoccupations, préparer une tournée bouffe pas mal d'énergie. Cependant, je ne sais pas si c'est la fatigue accumulée ou l'automne qui m'incite à écouter de la musique «droney». En passant, je ne sais pas si la traduction de drone en français est bien bourdon...ou s'il existe un terme plus adéquat. Bref, des trucs qui n'étaient pas invitant il y a quelques mois sont aujourd'hui le complément idéal de ma journée. il existe tout un historique musical sur les drones dans la musique, je ne m'y connais pas beaucoup et me présente à vous comme néophyte en la matière. Je raccorde le début du drone dans la musique moderne aux expérimentations musicales de certains compositeurs contemporains et minimalistes. durant les années soixante, il y a eu un groupe de musiciens très intéressants qui ont manipulé le bourdon. Je parle ici du groupe mené par les John Cale, Angus Maclise, LaMonte Young, Marion Zazeela, Terry Riley, Charlemagne Palestine, Henry Flynt, Tony Conrad...D'ailleurs la majorité de ceux-ci se sont frottés au drone gace à la musique et l'enseignement de Pandit Pran Nath, chanteur Hindou venu enseigner aux États-Unis dans les années 60. Pleins de noms donc et plein de musiciens de générations ultérieures influencés par ces grands artistes...Moi même, dans plusieurs de mes projets musicaux, l'utilisation du drone est devenu très importante et occupe une fonction esthétique et musicale majeure. Le drone, a comme fonction d'induire un état hypnotique, propre à ouvrir le chemin à la suggestion. Ce n'est pas surprenant que la musique traditionnelle orientale, qui a gardé un rapport très serré avec le sacré, utilise cette modalité dans la création musicale.

Il faut naturellement souligner les créations de Rhys Chatham et des groupe Earth, Sunn O))), Om....qui récupèrent le drone....plein de compositeurs...Eliane Radigue, Pauline Oliveiros, Feldman, Cage...d'autres groupes majeurs...Taj Mahal Travellers.... le renouveau folk...Six Organs of Admittance, Matt Valentine....faites des recherches! Le mouvement est gros...Et j'omets volontairement les groupes de «Ambiant» d'électro minimal, les japonais (haino...) et les artistes de noise...Des genres que je connais un peu moins. Faut quand même écouter Earth 2, sorti sur SubPop en 93...

Récemment, j'ai acheté plein de disques utilisant le drone dans la composition, entres autres Astral Social Club; qui mélange des couches de bourdons acoustiques, superposés à d'autres éléments électroniques ainsi que ...oh surprise! des beats! quasiment techno...Quand c'est sorti je n'étais vraiment pas sûr...mais c'est d'une beauté incroyable...impossible de détourner mon attention de l'écoute du disque «Octuplex» sorti sur vhf l'année dernière. D'autres disques ses ont rajoutés dont une autre sortie sur le même label, un peu plus ancienne, soit «Cloudz» du groupe Sunroof . Et il y en a d'autres...différents drones, électriques, accoustiques, répétitifs...Le superbe groupe Vibracathedral Orchestra occupe aussi une place de choix dans ma discopgraphie du dernier mois.

Cette semaine, c'est le disque du groupe Starving Weirdos « Into an energy», sorti sur Bo'Weavil plus tôt cette année. Je ne sais plus si c'est du drone, du moins pas à proprement parler. Je crois qu'on le décrit plus comme musique concrète (pour ce que ça veut dire...) mais quand même. Quand j'en parle à d'autres mélomanes je dis que c'est «droney»...Donc lent, répétitif, des couches sonores superposées, induisant la transe...INDUISANT LA TRANSE...C'est ça que je cherche, altérer mon esprit durant cette cette saison transitoire qu'est l'automne....fuck la drogue...utilisons la musique.


lundi 28 septembre 2009

Retour sur Mike Tamburo/Khôra/Ensemble Kesdjan à la Casa


Jadis, un certain Jimi Hendrix a posé cette question : «Are you experienced?». C'était en 1967.

On a tout suite conclu à une symphonie psychédélique, prônant l'usage de drogues hallucinogènes, invitant les auditeurs à sortir de leur corps et entendre ce qu'ils n'avaient jamais entendus. C'était bien sûr la mode de reprendre le discours de Timothy Leary, principal héraut de l'utilisation du LSD et des substances hallucinogènes. Dr.Leary a écrit des livres intéressants et enregistré des disques de spoken word médiocre. Euh...à vrai dire certains de ses livres sont aussi médiocres...Il m'est d'avis que Tim Leary est un usurpateur de conscience, prônant la paresse et l'hédonisme face à la souffrance volontaire et l'effort. À cet effet, j'aime beaucoup raconter l'histoire de Richard Alpert, aussi connu sous le nom de Ram Das. Professeur à l'université de Harvard avec Timothy Leary, lui aussi a contribué à propager la culture psychédélique. Cependant Alpert est allé tenté sa chance en Inde, distribuer l'éveil sous forme de microgrammes de LSD...Il a frappé un mur. Et ce mur ce nommait Neem Karoli Baba. La légende raconte de Karoli Baba aurait été intéressé par la substance d'Alpert et aurait pris toutes les doses que celui-ci avait sur lui, sans effet (visibles bien entendu). Le reste fait partie de l'histoire; Alpert se converti à l'hindouisme et change de nom pour Baba Ram Das, revient aux Etats-Unis et enseigne la méditation aux hippies.

Ceux qui me connaissent, connaissent mon intérêt pour Gurdjieff. Ils savent aussi que l'Ensemble Kesdjan est un véhicule musical me servant à explorer l'enseignement contenu dans le livre «Récits de Belzébuth à son petit-fils». J'ai pris part à des groupes Gurdjieff pendant près de quatre ans et ce fût la meilleure expérience de ma vie, je me rappelle de ces années comme des années empreintes d'une richesse émotionelle et intellectuelle sans précédent. Fruit d'un hasard particulier, l'enseignant du groupe auquel je m'étais joint avait été disciple de Karoli Baba en Inde avant de rejoindre Sherborne House, l'école de J.G. Bennett en Angleterre...

Donc, samedi le 26 septembre avait lieu la réunion de Mike Tamburo et de l'Ensemble Kesdjan à l'intérieur d'une Casa del Popolo légale. Je dois mentionner que ma relation avec la Casa est particulière car j'y suis vu un peu comme un promoteur, ce que je ne suis vraiment pas, ou du moins, je suis un mauvais promoteur... Ainsi, la Casa m'avait suggéré de rejouter sur le bill un gars de Toronto nommé Khôra, suggestion des gens du label Constellation. Je ne suis pas du genre à refuser, donc j'ai accepté en sachant que l'album de Khôra avait pas mal de airplay sur les ondes de CKUT. J'ai écouté quelques extraits sur internet et n'avait pas vraiment accroché, j'attends d'écouter le disque avant d'en parler ici. Sauf que je me souviens que ça ne ressemblait pas au set qu'il nous a servi samedi. Un set ordinaire, pas mauvais très fort (au niveau du son) et visiblement un sous-produit de Godspeed...Je ne sais pas si le gars de Constellation qui était là a apprécié...

Je ne m'attarderais pas sur le set de l'Ensemble Kesdjan, c'était un des bons shows qu'on a fait, assez tight pour de l'impro. C'est le set de Mike Tamburo qu'il faut souligner. Ce gars est tout simplement génial. Fallait le voir avec sa barbe, ses cheveux longs, son t-shirt des Beatles et ses lunettes d'ondes (?)durant le show de Khôra, c'était surréel. Son set à lui me ramène à l'idée de départ de cette entrée :« Are you experienced?» Ceux qui ont assisté à ce show l'ont été. Transportés on ne sait où par les sons émanant du hammered dulcimer, pour en revenir vidé mais apaisé, envahi par un calme méditatif serein. Mike a joué deux pièces, la première pour rééquilibrer les énergies de sa ville (Pittsburgh) envahie par une délégation du G20. Il joué cette pièce sur un instrument de sa fabrication le «Crowned Eternal», un instrument à cordes tellement particulier, qui peut produire un drone comme une tambura mais tellement metallique, oscillant entre des cris de crapauds et des rayons laser, ponctués de notes jouées ajoutant une touche mélodique remarquable à l'ensemble. Et la deuxième au hammered dulcimer, pièce qui se retrouve dans son nouveau coffret «The tenth gate and other revelations», coffret de six cd-r, fait à la main.

J'ai parlé de l'autre coffret fait par Mike déjà. celui-ci est meilleur...franchement, d'une beauté incroyable tant au plan visuel que sonore. Chaque disque a sa pochette et son artwork propre ainsi que sa petite histoire l'accompagnant. En cette ère de fichiers téléchargeables, je ne le répèterais pas assez souvent , il faut investir dans le visuel et l'objet si on veut sortir de quoi. Sinon, mettez-le en download gratuit sur le web...

Une très belle soirée...

D'ailleurs pour ceux que ça intéresse, la semaine prochaine sortira le disque du Electric Kesdjan Unit, une collaboration entre l'Esemble Kesdjan et Mike Tamburo, enregistrée l'année dernière. Complètement instrumental, pas de paroles, beaucoup de synthés. 25 copies pour commencer avec un artwork exclusif de Jacinthe Loranger...

En passant mercredi 30 septembre: http://www.gurdjieffmontreal.com/

samedi 19 septembre 2009

Selda Bagçan


Il y a quelques temps déjà, le beatmaker californien OhNo (frère de Madlib) sortait l'album instrumental «Dr.No's Oxperiment» sur le label Stones Throw. Un album solide, composé d'échantillons provenant de musique turque, libanaise, grecque, etc...Deux tracks se démarquaient vraiment de cet album soit «Heavy» et «Exp out the Ox»; des grooves entraînants, une teinte d'orientalisme, de bons ingrédients...

Plus tard, j'ai été amené à découvrir la musique du label Finders Keepers , oeuvre dévouée de deux dj's qui s'efforcent à rééditer des albums obscurs d'à travers le monde, avec comme prérequis la présence de breaks sublime (pour une part, il y a aussi de la musique de Welsh...). J'avais remarqué certains albums de ce label au Cheap Thrills , en particulier ceux portant la mention «Anatolian invasion», de la musique turque complètement éclatée, enregistrée dans les années 70. La Turquie a toujours été à mi-chemin entre l'Orient et l'Occident et ces deux contrastes culturels ont souvent menés à des chocs plus ou moins importants. Musicalement, dans les années 70, les turques commençaient à expérimenter avec la musique, utilisant les possibilités offertes en studio par les nouvelles technologies, tout en conservant une teinte résolument locale dans leurs oeuvres. Les premiers albums de Selda Bagcan et d'Ersen sont dans cette catégorie. Des synthétiseurs pétés, des saz amplifiés, de la distorsion, un mélange de breaks de funk...bref assez «Out there»! Quand j'ai écouté le disque de Selda sur Finders Keepers, je ne savais pas à quoi m'attendre. De la démence totale...et drôlement, une familiarité avec certains breaks, soit ceux se retrouvant sur l'album de Oh No, cité plus haut...À chaque fois que je reconnais un break échantillonnée, je ne peux m'empêcher de souligner au passage la paresse du beatmaker... Quand tu ne fais que sampler un break, rajouter un drum et looper le tout...me semble que ça manque de créativité...Et hop, il ne m'en fallu pas beaucoup plus pour reléguer Oh No au rang des beatmakers de base...et perdre un peu intérêt dans ses sorties, tant pis.

Quelle ne fût pas ma surprise cependant d'entendre sur le nouvel album de Mos Def «The Ecstatic» le track «Supermagic»... sur le beat de Oh No «Heavy» paru des années auparavant sur , encore une fois, l'album cité précédemment...Je ne sais pas c'est la faute de qui, surement que Mos Def trippait au boutte sur ce track et voulait absolument l'utiliser pour son album...mais ça fait un peu réchauffé, pas mal même. J'avais eu la même impression avec l'album de MF Doom «MM Food», album sur lequel Metal Face nous resservait des beats déjà utilisé...disons qu'en tant qu'amateur, ça laisse froid...Rapper sur un beat sorti 2-3 ans avant et qui a connu une certaine diffusion, n'est pas le move le plus créatif qui soit.

Bon, eh ben, ne reste qu'à retourner à la version originale, nettement supérieure, surtout grâce à l'émotion véhiculée par cette chanteuse hors du commun qu'il fait du bien de découvrir 30 ans plus tard.